Nouvelle éternité
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Fantasy & Science Fiction › General
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Disclaimer:
This is a work of fiction. Any resemblance of characters to actual persons, living or dead, is purely coincidental. The Author holds exclusive rights to this work. Unauthorized duplication is prohibited.
Nouvelle éternité
*Titre : Nouvelle éternité
*Auteur : himitsu1155
*Genre : Fantasy, aventure, romance, gromaldecrane mais je travaille à arranger ça.
*Warnings : un bisou hétéro NC.
*Statut : en cours
Chapitre 1
La marche harassante dans les sentiers boueux, le soleil refaisant son apparition… On aurait pu croire à une randonnée toute simple. Le marcheur négocia avec lassitude entre l’équilibre instable des trois sacs peu commodes et un bâton de noisetier qui lui arrivait au niveau des yeux. Un chapeau de foin finement tressé ombait ait son regard hâve, son jean et sa chemise étaient couverts de poussière que l’humidité transformait en boue.
L’aube se levait sur la campagne, illuminant un paysage vallonné et parsemé d’habitations. Il y avait encore trop de monde dans les environs, il ne pouvait s’attarder, une courte pause devrait suffire. Ses baskets qui avaient connu des jours meilleurs le traînèrent jusqu’à la croix en métal ouvragé qui rouillait à la fourche du croisement. Il préféra ne pas s’asseoir, la pluie ayant détrempé le monticule herbeux où elle trônait. Il appuya son front contre le métal froid à l’odeur de sang et soupira profondément. Sa main frôla le portable qu’il avait éteint quelques heures plus tôt sans se résoudre à l’abandonner. C’était idiot, qui pourrait-il appeler? C’est dans le besoin que l’on reconnaissait ses amis ; mais lorsqu’il n’en restait plus…
Son souffle retrouvé, il préféra le chemin de terre à la petite route goudronnée. Ils ne croiraient jamais qu’il irait se risquer au cœur de la forêt. Les sylvestres seraient donc rassemblés sur les grands axes de communication. Il préférait ee ave avoir affaire à leurs acolytes sylphiques qui hantaient les bois sans prêter attention à son passage furtif. Il suivit le sentier sur plusieurs kilomètres et alors qu’il se faisait de plus en plus sauvage il se retrouva nez à nez avec un chêne centenaire, auréolé de la lumière qui semblait littéralement couler depuis sa cime.
Il aurait voulu à nouveau goûter à l’étreinte du bois sur sa peau, lier ses sens à ceux du vénérable ainsi que le lui avait permis son aimée. Qu’allait-elle devenir, la dryade sensuelle et intrépide qui avait depuis l’enfance peuplé ses rêves ? Elle l’avait attiré dans ses rets avec innocence, par jeu, ne pouvait-on imaginer piège plus délicieux que son amour ? Les mémoires écrites de la bibliothèque familiale l’avaient prévenu alors que tous ignoraient la vérité : il n’y aurpas pas de lendemain. Ils avaient abattu son arbre-frère pour leur culte barbare alors qu’elle tentait de le dérober aux siens. La princesse verte avait chu dans leur fuite pour ne jamais se relever. A présent ils devaient avoir accompli les rites qui leur permettraient de contrôler les créatures de la forêt, sauf les plus violentes peut-être, les plus indépendantes. Ils possédaient ce pouvoir grâce au bois magique de ses corps, celui qui avait été enraciné dans la terre meuble et l’autre gisant non loin.
Sous ses doigts frémit le bâton de marche où s’était réfugié ce qu’il restait de l’entité semi végétale dont il s’était épris. vaitvait fait en sorte que le temps relâche son étreinte de la mince branche où les bourgeons n’écloraient jamais ; elle serait éternelle, tant que sa vie à lui maintiendrait le sort. Un rire rendu rauque par la poursuite lui échappa. Au rythme où progressaient les recherches, cette éternité ne ressemblerait bientôt plus à rien. Il aurait beau se cacher dans les plus infimes replis du temps, son allié et sa malédiction, ils finiraient par retrouver sa trace. Quelle idée aussi de s’éprendre du joyau de la forêt ? Quand on descendait de la lignée des Chronos, mages temporels redoutés, on ne s’amusait pas à trahir les siens pour des questions aussi triviales qu’un sacrifice visant à contrôler une Nature qui ne les aimait déjà guère. Ils vivaient en dehors de ses lois et devaient se méfier chaque jour de leur existence hors norme que le temps ne les rattrape pas. Lui n’avait pas encore eu ce choix à faire, il était trop jeune pour bloquer son flux temporel.
Il résista à la tentation d’effleurer le tronc rugueux et parfumé et contourna à distance respectueuse le chêne qui ne manquerait pas de perturber sa couverture s’il passait trop près. Le mince mirage temporel qui les dissimulait volerait en éclats ce qui signalerait leur présence immédiatement. Le sous-bois changea d’aspect, il s’éclaircit. Les fourrés épineux firent place à des bosquets épars de noisetiers et une herbe fine et ronde poussait en mottes entre les feuilles mortes. L’influence de la dryade sur les arbres de son espèce créait en ces lieux un sanctuaire éphémère où il pourrait se reposer. L’espace dégagé entre les troncs minces et souples était juste suffisant pour lui permettre de déployer la tente qu’il avait subtilisée avant de partir. Bien que n’ayant pas l’habitude de la chose, il réussit à monter le dôme en quelques minutes et s’en félicita. Ce n’était pas qu’il n’était pas adroit seulement il tenait trop à son confort pour trouver amusant d’aller passer exprès une nuit à la dure avec les moustiques. Il était certain qu’un certain membre de sa famille entrerait dans une rage folle en découvrant que son demi sang de frère avait pris la tangente en le laissant en plan. Piètre réconfort mais il sourit tout de même.
Depuis le centre de la clairière le bourdon rayonnait, il diffusait aux alentours sa magie, assurant leur sécurité. La branche était droite, les quelques ramures qui en partaient s’étaient enlacées en un treillage mystérieux et s’épanouissaient en un bouquet serré. Il aimait l’odeur de cette essence, la texture de ses feuilles et la lumière qui se dégageait de son écorce dorée. Dans le clair obscur vacillant du non temps, il s’assoupit le visage tourné vers la douce présence qui le veillait.
L’humidité ambiante donnait l’impression que l’on aurait pu prendre sa douche rien qu’en restant immobile quelques instants, une douche froide étant donné la forte baisse de température. A l’intérieur de la tente un fragile tiédeur s’était accumulée et le dormeur roulé en boule en son centre frissonnait de temps en temps. Le vent agitait en vagues successives les feuilles des hauteurs. De loin on entendait arriver le tambour grondant de l’orage tandis que l’air prenait une odeur iodée. Le campement n’était plus dissimulé par le mirage temporel et était parfaitement vle àle à tout être capable de passer l’entrelacs de noisetiers.
Le bruit d’une toile déchirée s’abattit sur le bois tandis qu’une lumière aveuglante l’éclairait brièvement. Les décharges d’énergie qui parcouraient la terre exaltaient la dryade tandis qu’un sursaut le réveillait. La pluie d’abord discrète s’intensifia rapidement pour finir en un véritable déluge que le couvert supérieur atténuait partiellement. Il éleva une prière pour que la tente soit assez étanche puis chercha de nouveau le sommeil en ignorant son estomac qui se rappelait à son bon souvenir.
Il n’y prêta pas attention tout de suite à cause du tumulte environnant, mais un nouveau bruit vint s’ajouter à la pluie. Il y eut tout d’abord le clapotis d’une course accompagné d’un halètement rauque et régulier. Une vision s’immisça dans son esprit. Dans une plaine désertée de toute vie et marécageuse à souhait, une forme sombre progressait à une vitesse hallucinante dans le brouillard dense. Ses yeux brillaient d’un éclat sanglant, presque fluorescent, ils montaient et descendaient à un rythme hypnotique sans jamais se fermer.
Ils avaient osé ! Ils avaient réveillé ce monstre en sachant qu’ils ne pourraient le contrôler sans posséder l’âme dryadique qui en était la maîtresse. A présent rien ne pourrait l’arrêter puisqu’il n’avait pas été enchaîné lorsqu’ils l’avaient sorti des limbes. Et dire qu’il avait cru être dans les ennuis jusqu’au cou… Le vent soufflant en bourrasques plaquait les branches contre la tente maintenant trempée. Le long des parois s’égouttait la pluie qui s’était infiltrée. Lorsqu’il ouvrit la fermeture éclaire la tempête fit irruption et le glaça. Il se dépêcha de replier la toile tout en bénissant l’inventeur génial des dômes.
Lointain et pourtant assourdissant, retentit le rugissement grave qui fit vibrer le monde comme l’avait fait le tonnerre, mais de terreur.
La course l’exaltait, faisait circuler dans son sang un flot d’excitation qui l’incitait à accélérer encore le rythme de sa foulée. Enfin il avait été libéré des entraves des maîtres sévères qui l’avaient contrôlé depuis la nuit des temps, depuis qu’il existait. La gueule entrouverte sur des crocs redoutables claqua dans le vide comme s’il pouvait déjà savourer la tendre chair de ses proies. Un grand frisson le parcourut, fit dresser les poils rudes de son échine pour finir en un nœud presque douloureux dans sa poitrine. Ah, quand il les tiendrait… Tant de fois il avait dût se contenter de miettes, mais maintenant il allait pouvoir massacrer à loisir. La boue molle du marais giclait sous lui, pourtant il ne laissait aucune trace de son passage. La seule manifestation de sa présence était un halètement rauque et un regard pourpre luisant. Il voulait que son gibier comprenne qu’il était lancé sur sa piste, qu’il essaye de fuir ou de combattre. Oui, un affrontemen ten tentait, il y avait si longtemps que les proies se résignaient. Ce n’était pas très … « sport ».
La lueur sanglante de ses yeux laissait comme une traînée dans le brouillard à couper au couteau. D’un bond il franchit le cadavre décharné d’un ours enlisé. Que venait faire ce vulgaire animal dans la contrée des monstres ? Les Terres-Perdues étaient son domaine, le lieu où toute créature vivante ou non avait compris qui était le maître céans. La plaine boueuse fit place brutalement au sous-bois dont il avait été banni. Sous ses griffes l’herbe tendre se desséchait puis tombait en une poussière rougeâtre. Il n’avait pas de mal à progresser, on lui avait donné les clefs de la forêt à son réveil, sans restriction, les imbéciles. Ils lui avaient confié une tâche qu’il lui plaisait pour l’instant d’accomplir : chasser et détruire. Peut-être s’en prendrait-il à ses commanditaires par la suite afin d’éliminer tout risque de retomber en servitude. Mais avant cela il allait courir, il courrait jusqu’à oublier le souvenir d’avoir un jour été immobile.
Sur son passage un vent d’épouvante annonçait sa venue, le précédait tandis qu’il avançait telle une griffe habile dans une chair tendre et sans défense. Humant l’air, il tenta de repérer un signe qui lui permettrait d’affiner ses recherches. La raison pour laquelle on l’avait choisi pour la traque était simple : il était le meilleur, ou plutôt… Le pire. Il était capable de repérer les traces physiques les plus infimes ainsi que les résidus magiques. Ce chronos immature ne serait pas facile à capturer, il laissait peu d’indices et ses émanations étaient réduites au minimum vital chez ceux de sa race. Il devait avoir vécu chez les humains pour avoir appris à être si discret, mais il connaissait aussi la forêt. Cette hypothèse ne le satisfaisait pas totalement, un chronos dans le domaine de la Nature était aussi aisément repérable qu’un mammouth albinos dans la steppe.
Il resta paralysé durant une éternité, désespérément tenté de recourir au Temps pour se cacher. Il n’y avait évidemment pas de meilleur moyen pour attirer l’attention du chasseuhosehose dont ils avaient le moins besoin. Les branches souples des noisetiers giflaient l’air tourmenté tandis que la pluie traversait ses vêtements. L’orage était à présent sur eux dans toute sa force, la lumière intermittente des éclairs le désorientait aussi sûrement que les bourrasques qui pliaient jusqu’aux chênes massifs. La terre fertile et noire s’était déjà gorgée d’eau lors de l’averse précédente, il pataugeait donc jusqu’aux chevilles dans le terreau et les feuilles mortes. L’odeur qui s’en dégageait était grisante, riche de la vie qui grouillait en réponse à ce déchaînement d’énergie.
Paniqué, il crut un instant ne pas pouvoir retrouver le bourdon qui était tombé. A travers l’écran des feuilles mortes il aperçut une douce lumière dorée qui se dégageait de l’écorce comme si un rayon de soleil s’était logé à l’intérieur. Lorsqu’il la saisit l’orage l’épargna, créant une bulle de calme et de silence autour de lui. Elle ne pouvait faire plus sans alerter le chasseur, il resterait donc trempé. Maintenant ils ne pouvaient plus reculer, il allait falloir qu’ils voyagent encore plus discrètement. Les routes souterraines étaient peu praticables et c’était le territoire des goules et des trolls. Tandis qu’il maîtrisait le champ de répulsion, elle les fit s’enfoncer doucement dans le sol, l’humus s’écartant avec un bruit humide sous ses pieds. Ils émergèrent dans une cavité argileuse où gouttaient des dizaines de filets d’eau qui se rencontraient dans un ruisseau au courant rapide.
Le mystère restait entier, durant cinq mille ans, une faim dévorante lui avait labouré les entrailles, il pensait que son besoin de liberté en était la cause. Pourtant elle était toujours là, mais différente. Certes il avait l’impression que ses perceptions étaient comme dévoilées, la vie avait une saveur inattendue, tout semblait nouveau. Ses foulées amples l’emportaient dans une danse entre la Terre où ses griffes s’enfonçaient voluptueusement et le ciel immense que les ramures essayaient vainement d’occulter.
Sa chair craquerait sourdement entre ses crocs, comme recouverte d’une fine pellicule protectrice, et enfin le sang de chronos si particulier l’enivrerait de sa richesse. Il avait déjà bien souvent chassé le clan des mages du temps, mais ceux là ne compteraient pas, ils avaient tellement dilué leur essence dans les flots du Temps qu’il n’en restait généralement plus qu’une coquille vide et insipide. Celui-ci… Il hésitait presque à le tuer. Presque, bien sûr. Le pouvoir qu’il libérerait à sa mort lui permettrait de prévenir que d’autres puissances ne l’enchaînent. Peut-être même obtiendrait-il le pouvoir des dimensions, une légende qui berçait les cauchemars des mages de toutes les races depuis la nuit des temps.
La chasse n’allait plus durer très longtemps. Contrairement à lui, le gibier n’était pas infatigable. Il sentait la puissance couler littéralement dans ses veines, le brûler sans le blesser, lancer des étincelles dans son sillage… Il était le feu qui réduirait cette forêt en cendres. Et comme attisé par le souffle que déplaçait sa course, il s’élança sur la piste qui s’enfonçait brusquement dans le royaume souterrain, consumant la terre sombre. Une brume âcre et opaque s’éleva alors qu’il forçait le passage et qu’un grésillement aigu faisait se dresser son poil. Il batailla un moment, et le ricanement sauvage qui lui échappa aurait fait frissonner de fureur Garm, le gardien des Terres de la Nuit Eternelle. Seulement il n’était pas là. L’envie lui vint de mordre la terre épaisse mais elle se réduisit immédiatement en cendres impalpables, lui laissant un goût salé dans la gueule. Le sol se déroba sous son poids et il chut sans grâce sur une dizaine de mètres en frôlant dangereusement des parois usées et tourmentées. Il se ramassa lourdement au sol. La galerie était illuminée par son arrivée, son grondement rauque rebondit contre les parois étroites. La pierre dorée allait ralentir son avancée, mais il arriverait bien à se frayer un passage dans le boyau. Des traînées scintillantes marquaient le passage du Chronos dont la panique libérait les pouvoirs. Il comprit alors qu’il avait enfin trouvé ce qu’il lui manquait, la pièce maîtresse qui ferait de lui une œuvre d’art.
Le pouvoir qu’il n’avait jusque là qu’imaginé le menait maintenant comme un appel lancinant vers sa source. Restant immobile un court instant, il savoura sa victoire, ses griffes pétrirent la poussière etsoursourit de la comparaison qu’un inconscient à forte tendances suicidaires aurait pu faire entre un félin domestique et lui. Il arriva bientôt à un passage par lequel il douta qu’un humain ait pu passer, pourtant il savait que le chronos l’avait fait. Puisant dans les capacités d’une gargouille dont il avait absorbé les pouvoirs quelques siècles auparavant, ilfrayfraya un passage en déformant la roche. Il n’aimait pas cette capacité, il ne l’utilisait qu’en cas d’urgence lorsqu’il n’avait pas le temps d’utiliser sa technique habituelle : foncer, déchiqueter et réduire en cendre, la subtilité même.
Le spectacle qui l’attendait de l’autre côté lui coupa le souffle. Le Sanctuaire dryadique s’étendait dans toute sa splendeur, baigné par une lumière vive provenant des racines qui couvraient la voûte irrégulière. L’arbre Fael, l’Arbre de Lumière se trouvait juste au dessus. Volant presque il progressa dans les ruines en évitant au dernier moment les obstacles, il ne savait pas ce qu’avait pu être ces blocs, à vrai dire il n’en avait rien à faire. Pourtant quelque chose lui souffla qu’il vivrait plus vieux s’il évitait de les frôler. Un courant d’air lui rebroussa le poil et il frissonna. Lui qui ne craignait rien en ce monde devint prudent. Ce vent n’était pas normal. L’ombre assurant sa discrétion il parvient au rivage du lac. C’est là qu’il s’arrêta et fit ce qu’il détestait le plus au monde : attendre. Il ne fallait pas se précipiter, l’enjeu valait qu’il prenne la peine d’observer les lieux. Le liquide qui restait immobile à ses pieds l’inquiétait, il sentait que comme les ruines de cet étrange endroit, une présence hostile veillait. Le sifflement de l’air dans l’espace restreint de la salle devint douloureux. De l’autre côté de l’eau dormante, l’île montait en pente douce. Elle ne contenait aucune végétation, seulement un gigantesque ensemble de colonnes de pierres entourant un autel de calcaire immaculé devant lequel le chronos était agenouillé. La proie était à point.
Le chronos posa le bourdon sur l’autel, le bois sembla comme s’incruster dans la pierre. Dans un recoin de son esprit il sentit le chasseur se rapprocher, une musique rythmée et sourde dont les battements se rapprochaient, mais ce ne pouvait être que son imagination, cela ne devait être que son imagination, sinon ils étaient perdus. Il avait pris sa décision, rien ne pouvait l’arrêter à présent, pas même lui. Il allait être égoïste, il allait exaucer son propre vœu et donner sa vie pour restituer la sienne à la dryade. Elle ne pouvait mourir, non seulement parce qu’il l’aimait trop, mais aussi parce qu’elle était la dernière chanour our que tout puisse redevenir comme avant. Non, rien ne serait plus comme avant, mais au moins d’autres vivraient ce qu’ils n’avaient fait qu’effleurer. Là, comme ça il n’était pas égoïste, elle ne pourrait pas le maudire éternellement s’il avait une bonne excuse. Un instant il stoppa dans ses incantations, contemplant l’image que gardait sa mémoire du joyau de la forêt, le bruit d’une larme unique s’écrasant dans la poussière brisa son immobilité et il reprit le sortilège.
Un souffle s’éleva emenement et commença à faire le tour du sanctuaire, comme un cheval nerveux au bout d’une longe trop courte. Il s’insinua entre les piliers de pierre et un son s’éleva, proche des hurlements qu’auraient pu avoir des violons si leurs cordes avaient atteint une telle taille, vibrant en un cœur qui lui le hérissait aussi sûrement qu’un ongle sur un tableau noir. Bien, le Vent invoqué il n’avait plus qu’à continuer ou périr. La poussière soulevée par le souffle se figea, scintillant avant de se changer en une terre odorante qui retomba sur le sol, la conversion s’étendant de plus en plus vite, atteignant l’eau, faisant naître des remous d’ombre dans le lac, levant la houle qui jusque là était inexistante. La tte ste se leva. La Terre et l’Eau. Il prit une grande inspiration et s’apprêta à poursuivre quand il sentit la présence. D’un mouvement délibérément lent il se tourna vers le chasseur. Ils restèrent un long moment à se fixer dans le blanc des yeux sans qu’une pensée ne vienne interrompre le silence qui régnait dans leurs esprits alors que le délire des éléments atteignait son paroxysme.
Réfléchissant à toute vitesse sans arriver à déterminer si son idée était réalisable ou même simplement possible, il changea la cible de l’élémentaire du feu. Le sortilège voulait que le mage aille chercher le Feu dans lave qui coulait très loin sous la Terre, mais il n’avait plus le choix : ou il s’attaquait au chasseur ou il ne finirait jamais son incantation. Depuis sa très petite enfance il connaissait la lée due du chasseur, cet élémentaire du feu qui était né de la première flamme domestiquée par un humain, et il allait s’attaquer à ce cauchemar. Il se demanda s’il n’avait pas définitivement perdu la raison alors qu’il emprisonnait le Feu dans les liens magiques. Il chancela alors que le poids irréel de la magie qu’il déchaînait s’abattit sur lui. Le Temps, il ne restait plus que lui. L’élément qui lierait les autres pour permettre une nouvelle vie à son amour. L’élément qui faisait qu’il était le seul qui puisse effectuer ce rite et la raison pour laquelle seul un chronos lié aux éléments pouvait l\'accomplir. Or un chronos lié aux éléments acceptait de renoncer à l’immortalité, ce genre de mage ne courrait pas exactement les rues.
Il acheva le sort en fixant sa dryade comme s’il pouvait déjà voir son corps reprendre vie. Mais rien ne se passa comme prévu, loi de Murphy oblige. Il ne se sentait plus réellement présent et il eut un sourire cynique et sinistre alors qu’il s’aperçut que le chasseur était en train de traverser le lac qui luttait violemment pour le rejeter. Le chronos investit le pentacle de pouvoir qui était enfin apparu, liant plus fortement les élémentaires y é y étaient retenus prisonniers. Il trembla sous l’effort et ses cheveux trempés lui cachèrent un moment la vue. Le chasseur était bien plus qu’un élémentaire, cela faisait des milliers d’années qu’il nourrissait sa flamme à l’aide des pouvoirs des autres. Il n’avait pas gagné. Mais il n’avait pas perdu, pas encore. Rassemblant ce qui lui restait de volonté, il se saisit du pentacle et le lança avec ses dernières forces sur le bourdon alors que le chasseur se jetait sur lui tout en se débattant dans le sortilège. Dire qu’il n’avait pas de regrets aurait été un mensonge, un énorme mensonge. Il n’y que les fous et les non vivants qui meurent sans regret. Il aurait juste aimé avoir eu le courage d’embrasser au moins une fois les lèvres de son aimée ; s’il avait su… Il poussa un dernier soualoralors que s’écoulait le flot de sa vie dans le sortilège : « Vis ! »
A la grande surprise du chasseur, le pentacle s’empara de lui alors qu’il se jetait sur le mage et ils furent projetés par son élan sur l’autel. Ils y arrivèrent en même temps que le pentacle qui explosa. Il sentit son esprit s’engourdir et partir à la dérive. S’il ne réagissait pas dès à présent il allait disparaître. Il n’avait pas traversé les âges sans se battre. Il n’avait pas subi sa servitude pour maintenant abandonner, il allait vivre ! Ses pouvoirs s’enfuyaient alors qu’il sentait sa force diminuer. Il s’empara de l’âme qui tentait de l’investir et voulut l’asservir comme il avaisujesujetti les précéden mai mais il ne parvint pas à lui faire entendre raison. La lutte n’avait duré qu’un instant, et elle prit fin quand l’énergie de Vie du pentacle les frappa de plein fouet, les liant irrémédiablement, fusionnant leurs identités comme leurs corps et les laissant pantelants, incapables de réaliser ce qu’il venait de se passer.
_Je suis... Nous sommes…Dans un sacré pétrin. Finirent-ils.
_Elle ?
La créature se tourna vers l’autel et observa avec détachement le bourdon dont les racines venaient de se planter en terre et les bourgeons d’éclore. Comme une brume que la brise résiduelle aurait sculptée, l’esquisse d’une silhouette se devinait dans le bois, et bientôt elle fut plus qu’une ombre, le bois changea de grain et le corps prit du volume, et quel volume se moqua la créature. Normal qu’il/je désire autant la ramener. Puis elle fut lussiussi merveilleuse qu’autrefois, mais elle était perdue.
Il aurait dût y avoir quelqu’un pour l’attendre, il l’attendait toujours, il la grondait assez souvent pour ça, et elle aimait le voir tenter de se fâcher. Lui, là, c’était lui, mais pas exactement. Ses cheveux noirs et raides qui lui retombaient dans les yeux et qu’elle l’avait supplié de laisser pousser, son corps léger et nerveux, ses lèvres qui murmuraient une partie du flot de pensées qui courraient en continu dans sa tête… Non, ce ne pouvait être lui, maintenant elle se rappelait ce qui s’était passé, la douleur inconcevable lorsque le clan de Laïnael l’avait abattue, alors qu’elle devait le rejoindre, alors qu’elle avait enfin réussi à lui dérober son cœur, il lui avait promis son âme. Mutilée, elle avait quand même réussi à le retrouver alors qu’il arrivait sur les lieux en brisant toutes les barrières magiques qu‘il rencontrait. Elle ne l’avait jamais vu aussi furieux. Puis il avait pris la branche dans laquelle s’était réfugié ce qu’il restait de son âme et l’y avait scellée. De la suite elle ne gardait qu’un souvenir nébuleux, une poursuite interminable et lui qui se fatiguait de plus en plus. Il avait tenu la promesse qu’elle s’était refusée à lui demander. Il avait accompe soe sortilège de résurrection qu’il avait adapté à leur situation, sacrifiant jusqu’à son âme pour affronter l’abomination que l’on avait lancée à leurs trousses. L’cilecile lui avait donné sa vie, son éternité si elle n’avait pas été là.
Un frisson irrépressible secoua ses épaules et les larmes coulèrent. Elle en fut trop surprise pour remarquer tout de suite l’étreinte dans laquelle elle était enfermée. Les dryades n’ont pas de larmes à verser, elle n’avait jamais pleuré, elle ne le pouvait pas. Elle prit conscience de l’autre lorsqu’elle sentit son odeur. Une odeur parfaitement inconnue qui pourtant lui disait quelque chose. L’odeur de Laïnael mais aussi celle de l’abomination que ses sœurs lui avaient appris à abhorrer. Cette signature qui était transmise depuis la nuit des temps comme synonyme olfactif du pire fléau à redouter. Elle tenta de se dégager mais n’y parvins pas. Le regard aux pupilles orangées appartenait à Laïnael, il lui fit peur et les larmes recommencèrent à couler, incontrôlables et tellement étranges. Malgré cela elle releva le menton et foudroya l’autre, l’abomination qui possédait ce qui était sensé lui revenir, il était à elle, elle se sentit gagnée par l’indignation.
Il s’empara de sa bouche avec une telle fièvre qu’elle commença par se débattre dans l’étau qu’il avait refermé sur elle. Il était brûlant, fébrile. Il avait faim d’une chose inconnue, oubliée, crainte, interdite. Leurs corps plaqués l’un contre l’autre semblaient se livrer à un combat entre leurs deux souffles affolés. Le mélange de dégoût et de fascination qu’il lui avait inspiré s’était mué en horreur stupéfaite. Il la serra si fort qu’elle perdit la sensation de la présence de ses bras. La douleur commençait à remonter ses épaules lorsqu’il fit une chose incroyable, il desserra un peu son étreinte. Ses doigts traversèrent la lourde épaisseur de cheveux pour effleurer la peau sensible de sa nuque, il trouva le creux de ses reins et l’immobilisa complètement tandis qu’il continuait de la dévorer. Lorsqu’il abandonna sa bouche, elle pu voir son visage. Il était aussi épouvanté qu’elle, il y avait même un soupçon de panique dans le spasme qui contracta une de ses paupières. Puis comme s’il avait tenté de résister, il embrassa à regret le creux de son cou. Un murmure rauque n’atteignit jamais son oreille mais fit naître des frissons entre irritation et plaisir. Il prolongea le jeu qui devait tout autant lui porter sur les nerfs puis l’embrassa comme s’il volait lui voler son âme. La danse hypnotisante de ses mains la berçait malgré elle, anéantissant son esprit, l’oppressant sans relâche. Elle se cambra en arrière pour essayer de le fuir mais il l’accompagna, l’enlaçant plus étroitement encore.
Quelque chose avait subtilement changé dans son comportement. Le désespoir qui avait rendu son regard si effrayant ne paraissait plus aussi profond. Ses caresses posaient une question et se préoccupaient de sa réponse. Un lendemain était né pour cet êau pau passé infini. Ce corps aimé qu’elle acceptait enfin de reconnaître la poussait dans ses derniers retranchements, il représentait ses espoirs et ce qui les avait anéanti. Il lui demandait de répondre à ses avances, l’obligeant à plier. Profitant de son déséquilibre, il l’allongea dans l’herbe courte qui avait poussé en un cercle restreint autour de l’autel et se mit à explorer ses points faibles, souffler doucement dessus et observer avec intérêt ses réactions. tou toujours il revenait sonder sa bouche, elle serrait les dents mais elle ne put longtemps contraindre ses lèvres à la dureté. Combien de fois l’avait-elle rêvée, cette scène ? Mais pas comme ça ! Pas avec l’âme de son élu mêlée avec celle du chien courant des chronos. Son hésitation ne lui échappa pas et il eut une caresse plus appuyée qui lui arracha un gémissement.
_Chantes, ta voix m’a tellement manqué.
La colère failli lui faire refermer ses mâchoires sur la langue qu’il avait insinuée dans la bouche et qui menaçait de l’emporter dans une tourmente aux conséquences catastrophiques.
Elle était douce, désirable et savoureuse, il s’était perdu dans la passion qu’elle lui inspirait. Son esprit sans repère avait trouvé son équilibre lorsque leurs regards s’étaient croisés. Elle était alors restée paralysée, et il n’avait pas attendu qu‘elle s’échappe, il avait trop peur de la perdre, et la peur était trop nouvelle/ancienne pour qu’il puisse lui résister. Il n’avait jamais connu la peur, et en même temps il avait chaque jour de sa vie craint que Kaguenoame ne lui soit arrachée. Il l’avait capturée, trop surpris de l’avoir rencontrée/retrouvée enfin. Et quel gibier délicieux, tendre et frissonnant entre ses bras, pourquoi avoir tant attendu, il avait été idiot, il ne devait plus oublier pourquoi il était revenu, pourquoi il avait combattu le pire monstre qu’il ait connu, il avait combattu le chasseur pour embrasser Kaguenoame. Son âme mêlée ne faisait plus la différence entre la passion désespérée du chasseur et le désir ancien du chronos. Il s’était trouvé un point commun, libéré du malaise qui le hantait. Elle était comme une fleur au parfum enivrant dont il craignait de froisser les pétales en s’abandonnant à l’ivresse qu’elle provoquait en lui. En la serrant sur son cœur, il espérait presque qu’elle puisse y entrer, qu’elle ne le quitte plus jamais.
Il relâcha sa prise et la regardant droit dans les yeux, il prononça les mots qui lui brûlaient les lèvres depuis toujours, aussi loin que ses mémoires remontent :
_Je t’aime.
Kaguenoame lui rendi reg regard abasourdit puis se rendant compte qu’il lui avait rendu sa liberté de mouvements, elle disparut comme si elle avait profité d’un clignement d’œil pour s’éclipser. Haussant les épaules, Laïnael le chasseur la suivit plus lentement.
_Je ne te quitterais pas, tu vas avoir besoin de moi, peut-être encore plus que moi de toi. Les chronos n’ont pas fini de poser des problèmes, mais tu m’auras moi et je t’aurai toi. Nous nous retrouverons.
Quelqu\'un pourrait me dire si j\'ai bien réussi à faire parra ce ce chapitre que ça m\'arrangerait. Je sais même pas si je peux balancer du français sur ce site... Voui,voui je suis d\'un naturel tranquille.
*Auteur : himitsu1155
*Genre : Fantasy, aventure, romance, gromaldecrane mais je travaille à arranger ça.
*Warnings : un bisou hétéro NC.
*Statut : en cours
Chapitre 1
La marche harassante dans les sentiers boueux, le soleil refaisant son apparition… On aurait pu croire à une randonnée toute simple. Le marcheur négocia avec lassitude entre l’équilibre instable des trois sacs peu commodes et un bâton de noisetier qui lui arrivait au niveau des yeux. Un chapeau de foin finement tressé ombait ait son regard hâve, son jean et sa chemise étaient couverts de poussière que l’humidité transformait en boue.
L’aube se levait sur la campagne, illuminant un paysage vallonné et parsemé d’habitations. Il y avait encore trop de monde dans les environs, il ne pouvait s’attarder, une courte pause devrait suffire. Ses baskets qui avaient connu des jours meilleurs le traînèrent jusqu’à la croix en métal ouvragé qui rouillait à la fourche du croisement. Il préféra ne pas s’asseoir, la pluie ayant détrempé le monticule herbeux où elle trônait. Il appuya son front contre le métal froid à l’odeur de sang et soupira profondément. Sa main frôla le portable qu’il avait éteint quelques heures plus tôt sans se résoudre à l’abandonner. C’était idiot, qui pourrait-il appeler? C’est dans le besoin que l’on reconnaissait ses amis ; mais lorsqu’il n’en restait plus…
Son souffle retrouvé, il préféra le chemin de terre à la petite route goudronnée. Ils ne croiraient jamais qu’il irait se risquer au cœur de la forêt. Les sylvestres seraient donc rassemblés sur les grands axes de communication. Il préférait ee ave avoir affaire à leurs acolytes sylphiques qui hantaient les bois sans prêter attention à son passage furtif. Il suivit le sentier sur plusieurs kilomètres et alors qu’il se faisait de plus en plus sauvage il se retrouva nez à nez avec un chêne centenaire, auréolé de la lumière qui semblait littéralement couler depuis sa cime.
Il aurait voulu à nouveau goûter à l’étreinte du bois sur sa peau, lier ses sens à ceux du vénérable ainsi que le lui avait permis son aimée. Qu’allait-elle devenir, la dryade sensuelle et intrépide qui avait depuis l’enfance peuplé ses rêves ? Elle l’avait attiré dans ses rets avec innocence, par jeu, ne pouvait-on imaginer piège plus délicieux que son amour ? Les mémoires écrites de la bibliothèque familiale l’avaient prévenu alors que tous ignoraient la vérité : il n’y aurpas pas de lendemain. Ils avaient abattu son arbre-frère pour leur culte barbare alors qu’elle tentait de le dérober aux siens. La princesse verte avait chu dans leur fuite pour ne jamais se relever. A présent ils devaient avoir accompli les rites qui leur permettraient de contrôler les créatures de la forêt, sauf les plus violentes peut-être, les plus indépendantes. Ils possédaient ce pouvoir grâce au bois magique de ses corps, celui qui avait été enraciné dans la terre meuble et l’autre gisant non loin.
Sous ses doigts frémit le bâton de marche où s’était réfugié ce qu’il restait de l’entité semi végétale dont il s’était épris. vaitvait fait en sorte que le temps relâche son étreinte de la mince branche où les bourgeons n’écloraient jamais ; elle serait éternelle, tant que sa vie à lui maintiendrait le sort. Un rire rendu rauque par la poursuite lui échappa. Au rythme où progressaient les recherches, cette éternité ne ressemblerait bientôt plus à rien. Il aurait beau se cacher dans les plus infimes replis du temps, son allié et sa malédiction, ils finiraient par retrouver sa trace. Quelle idée aussi de s’éprendre du joyau de la forêt ? Quand on descendait de la lignée des Chronos, mages temporels redoutés, on ne s’amusait pas à trahir les siens pour des questions aussi triviales qu’un sacrifice visant à contrôler une Nature qui ne les aimait déjà guère. Ils vivaient en dehors de ses lois et devaient se méfier chaque jour de leur existence hors norme que le temps ne les rattrape pas. Lui n’avait pas encore eu ce choix à faire, il était trop jeune pour bloquer son flux temporel.
Il résista à la tentation d’effleurer le tronc rugueux et parfumé et contourna à distance respectueuse le chêne qui ne manquerait pas de perturber sa couverture s’il passait trop près. Le mince mirage temporel qui les dissimulait volerait en éclats ce qui signalerait leur présence immédiatement. Le sous-bois changea d’aspect, il s’éclaircit. Les fourrés épineux firent place à des bosquets épars de noisetiers et une herbe fine et ronde poussait en mottes entre les feuilles mortes. L’influence de la dryade sur les arbres de son espèce créait en ces lieux un sanctuaire éphémère où il pourrait se reposer. L’espace dégagé entre les troncs minces et souples était juste suffisant pour lui permettre de déployer la tente qu’il avait subtilisée avant de partir. Bien que n’ayant pas l’habitude de la chose, il réussit à monter le dôme en quelques minutes et s’en félicita. Ce n’était pas qu’il n’était pas adroit seulement il tenait trop à son confort pour trouver amusant d’aller passer exprès une nuit à la dure avec les moustiques. Il était certain qu’un certain membre de sa famille entrerait dans une rage folle en découvrant que son demi sang de frère avait pris la tangente en le laissant en plan. Piètre réconfort mais il sourit tout de même.
Depuis le centre de la clairière le bourdon rayonnait, il diffusait aux alentours sa magie, assurant leur sécurité. La branche était droite, les quelques ramures qui en partaient s’étaient enlacées en un treillage mystérieux et s’épanouissaient en un bouquet serré. Il aimait l’odeur de cette essence, la texture de ses feuilles et la lumière qui se dégageait de son écorce dorée. Dans le clair obscur vacillant du non temps, il s’assoupit le visage tourné vers la douce présence qui le veillait.
L’humidité ambiante donnait l’impression que l’on aurait pu prendre sa douche rien qu’en restant immobile quelques instants, une douche froide étant donné la forte baisse de température. A l’intérieur de la tente un fragile tiédeur s’était accumulée et le dormeur roulé en boule en son centre frissonnait de temps en temps. Le vent agitait en vagues successives les feuilles des hauteurs. De loin on entendait arriver le tambour grondant de l’orage tandis que l’air prenait une odeur iodée. Le campement n’était plus dissimulé par le mirage temporel et était parfaitement vle àle à tout être capable de passer l’entrelacs de noisetiers.
Le bruit d’une toile déchirée s’abattit sur le bois tandis qu’une lumière aveuglante l’éclairait brièvement. Les décharges d’énergie qui parcouraient la terre exaltaient la dryade tandis qu’un sursaut le réveillait. La pluie d’abord discrète s’intensifia rapidement pour finir en un véritable déluge que le couvert supérieur atténuait partiellement. Il éleva une prière pour que la tente soit assez étanche puis chercha de nouveau le sommeil en ignorant son estomac qui se rappelait à son bon souvenir.
Il n’y prêta pas attention tout de suite à cause du tumulte environnant, mais un nouveau bruit vint s’ajouter à la pluie. Il y eut tout d’abord le clapotis d’une course accompagné d’un halètement rauque et régulier. Une vision s’immisça dans son esprit. Dans une plaine désertée de toute vie et marécageuse à souhait, une forme sombre progressait à une vitesse hallucinante dans le brouillard dense. Ses yeux brillaient d’un éclat sanglant, presque fluorescent, ils montaient et descendaient à un rythme hypnotique sans jamais se fermer.
Ils avaient osé ! Ils avaient réveillé ce monstre en sachant qu’ils ne pourraient le contrôler sans posséder l’âme dryadique qui en était la maîtresse. A présent rien ne pourrait l’arrêter puisqu’il n’avait pas été enchaîné lorsqu’ils l’avaient sorti des limbes. Et dire qu’il avait cru être dans les ennuis jusqu’au cou… Le vent soufflant en bourrasques plaquait les branches contre la tente maintenant trempée. Le long des parois s’égouttait la pluie qui s’était infiltrée. Lorsqu’il ouvrit la fermeture éclaire la tempête fit irruption et le glaça. Il se dépêcha de replier la toile tout en bénissant l’inventeur génial des dômes.
Lointain et pourtant assourdissant, retentit le rugissement grave qui fit vibrer le monde comme l’avait fait le tonnerre, mais de terreur.
La course l’exaltait, faisait circuler dans son sang un flot d’excitation qui l’incitait à accélérer encore le rythme de sa foulée. Enfin il avait été libéré des entraves des maîtres sévères qui l’avaient contrôlé depuis la nuit des temps, depuis qu’il existait. La gueule entrouverte sur des crocs redoutables claqua dans le vide comme s’il pouvait déjà savourer la tendre chair de ses proies. Un grand frisson le parcourut, fit dresser les poils rudes de son échine pour finir en un nœud presque douloureux dans sa poitrine. Ah, quand il les tiendrait… Tant de fois il avait dût se contenter de miettes, mais maintenant il allait pouvoir massacrer à loisir. La boue molle du marais giclait sous lui, pourtant il ne laissait aucune trace de son passage. La seule manifestation de sa présence était un halètement rauque et un regard pourpre luisant. Il voulait que son gibier comprenne qu’il était lancé sur sa piste, qu’il essaye de fuir ou de combattre. Oui, un affrontemen ten tentait, il y avait si longtemps que les proies se résignaient. Ce n’était pas très … « sport ».
La lueur sanglante de ses yeux laissait comme une traînée dans le brouillard à couper au couteau. D’un bond il franchit le cadavre décharné d’un ours enlisé. Que venait faire ce vulgaire animal dans la contrée des monstres ? Les Terres-Perdues étaient son domaine, le lieu où toute créature vivante ou non avait compris qui était le maître céans. La plaine boueuse fit place brutalement au sous-bois dont il avait été banni. Sous ses griffes l’herbe tendre se desséchait puis tombait en une poussière rougeâtre. Il n’avait pas de mal à progresser, on lui avait donné les clefs de la forêt à son réveil, sans restriction, les imbéciles. Ils lui avaient confié une tâche qu’il lui plaisait pour l’instant d’accomplir : chasser et détruire. Peut-être s’en prendrait-il à ses commanditaires par la suite afin d’éliminer tout risque de retomber en servitude. Mais avant cela il allait courir, il courrait jusqu’à oublier le souvenir d’avoir un jour été immobile.
Sur son passage un vent d’épouvante annonçait sa venue, le précédait tandis qu’il avançait telle une griffe habile dans une chair tendre et sans défense. Humant l’air, il tenta de repérer un signe qui lui permettrait d’affiner ses recherches. La raison pour laquelle on l’avait choisi pour la traque était simple : il était le meilleur, ou plutôt… Le pire. Il était capable de repérer les traces physiques les plus infimes ainsi que les résidus magiques. Ce chronos immature ne serait pas facile à capturer, il laissait peu d’indices et ses émanations étaient réduites au minimum vital chez ceux de sa race. Il devait avoir vécu chez les humains pour avoir appris à être si discret, mais il connaissait aussi la forêt. Cette hypothèse ne le satisfaisait pas totalement, un chronos dans le domaine de la Nature était aussi aisément repérable qu’un mammouth albinos dans la steppe.
Il resta paralysé durant une éternité, désespérément tenté de recourir au Temps pour se cacher. Il n’y avait évidemment pas de meilleur moyen pour attirer l’attention du chasseuhosehose dont ils avaient le moins besoin. Les branches souples des noisetiers giflaient l’air tourmenté tandis que la pluie traversait ses vêtements. L’orage était à présent sur eux dans toute sa force, la lumière intermittente des éclairs le désorientait aussi sûrement que les bourrasques qui pliaient jusqu’aux chênes massifs. La terre fertile et noire s’était déjà gorgée d’eau lors de l’averse précédente, il pataugeait donc jusqu’aux chevilles dans le terreau et les feuilles mortes. L’odeur qui s’en dégageait était grisante, riche de la vie qui grouillait en réponse à ce déchaînement d’énergie.
Paniqué, il crut un instant ne pas pouvoir retrouver le bourdon qui était tombé. A travers l’écran des feuilles mortes il aperçut une douce lumière dorée qui se dégageait de l’écorce comme si un rayon de soleil s’était logé à l’intérieur. Lorsqu’il la saisit l’orage l’épargna, créant une bulle de calme et de silence autour de lui. Elle ne pouvait faire plus sans alerter le chasseur, il resterait donc trempé. Maintenant ils ne pouvaient plus reculer, il allait falloir qu’ils voyagent encore plus discrètement. Les routes souterraines étaient peu praticables et c’était le territoire des goules et des trolls. Tandis qu’il maîtrisait le champ de répulsion, elle les fit s’enfoncer doucement dans le sol, l’humus s’écartant avec un bruit humide sous ses pieds. Ils émergèrent dans une cavité argileuse où gouttaient des dizaines de filets d’eau qui se rencontraient dans un ruisseau au courant rapide.
Le mystère restait entier, durant cinq mille ans, une faim dévorante lui avait labouré les entrailles, il pensait que son besoin de liberté en était la cause. Pourtant elle était toujours là, mais différente. Certes il avait l’impression que ses perceptions étaient comme dévoilées, la vie avait une saveur inattendue, tout semblait nouveau. Ses foulées amples l’emportaient dans une danse entre la Terre où ses griffes s’enfonçaient voluptueusement et le ciel immense que les ramures essayaient vainement d’occulter.
Sa chair craquerait sourdement entre ses crocs, comme recouverte d’une fine pellicule protectrice, et enfin le sang de chronos si particulier l’enivrerait de sa richesse. Il avait déjà bien souvent chassé le clan des mages du temps, mais ceux là ne compteraient pas, ils avaient tellement dilué leur essence dans les flots du Temps qu’il n’en restait généralement plus qu’une coquille vide et insipide. Celui-ci… Il hésitait presque à le tuer. Presque, bien sûr. Le pouvoir qu’il libérerait à sa mort lui permettrait de prévenir que d’autres puissances ne l’enchaînent. Peut-être même obtiendrait-il le pouvoir des dimensions, une légende qui berçait les cauchemars des mages de toutes les races depuis la nuit des temps.
La chasse n’allait plus durer très longtemps. Contrairement à lui, le gibier n’était pas infatigable. Il sentait la puissance couler littéralement dans ses veines, le brûler sans le blesser, lancer des étincelles dans son sillage… Il était le feu qui réduirait cette forêt en cendres. Et comme attisé par le souffle que déplaçait sa course, il s’élança sur la piste qui s’enfonçait brusquement dans le royaume souterrain, consumant la terre sombre. Une brume âcre et opaque s’éleva alors qu’il forçait le passage et qu’un grésillement aigu faisait se dresser son poil. Il batailla un moment, et le ricanement sauvage qui lui échappa aurait fait frissonner de fureur Garm, le gardien des Terres de la Nuit Eternelle. Seulement il n’était pas là. L’envie lui vint de mordre la terre épaisse mais elle se réduisit immédiatement en cendres impalpables, lui laissant un goût salé dans la gueule. Le sol se déroba sous son poids et il chut sans grâce sur une dizaine de mètres en frôlant dangereusement des parois usées et tourmentées. Il se ramassa lourdement au sol. La galerie était illuminée par son arrivée, son grondement rauque rebondit contre les parois étroites. La pierre dorée allait ralentir son avancée, mais il arriverait bien à se frayer un passage dans le boyau. Des traînées scintillantes marquaient le passage du Chronos dont la panique libérait les pouvoirs. Il comprit alors qu’il avait enfin trouvé ce qu’il lui manquait, la pièce maîtresse qui ferait de lui une œuvre d’art.
Le pouvoir qu’il n’avait jusque là qu’imaginé le menait maintenant comme un appel lancinant vers sa source. Restant immobile un court instant, il savoura sa victoire, ses griffes pétrirent la poussière etsoursourit de la comparaison qu’un inconscient à forte tendances suicidaires aurait pu faire entre un félin domestique et lui. Il arriva bientôt à un passage par lequel il douta qu’un humain ait pu passer, pourtant il savait que le chronos l’avait fait. Puisant dans les capacités d’une gargouille dont il avait absorbé les pouvoirs quelques siècles auparavant, ilfrayfraya un passage en déformant la roche. Il n’aimait pas cette capacité, il ne l’utilisait qu’en cas d’urgence lorsqu’il n’avait pas le temps d’utiliser sa technique habituelle : foncer, déchiqueter et réduire en cendre, la subtilité même.
Le spectacle qui l’attendait de l’autre côté lui coupa le souffle. Le Sanctuaire dryadique s’étendait dans toute sa splendeur, baigné par une lumière vive provenant des racines qui couvraient la voûte irrégulière. L’arbre Fael, l’Arbre de Lumière se trouvait juste au dessus. Volant presque il progressa dans les ruines en évitant au dernier moment les obstacles, il ne savait pas ce qu’avait pu être ces blocs, à vrai dire il n’en avait rien à faire. Pourtant quelque chose lui souffla qu’il vivrait plus vieux s’il évitait de les frôler. Un courant d’air lui rebroussa le poil et il frissonna. Lui qui ne craignait rien en ce monde devint prudent. Ce vent n’était pas normal. L’ombre assurant sa discrétion il parvient au rivage du lac. C’est là qu’il s’arrêta et fit ce qu’il détestait le plus au monde : attendre. Il ne fallait pas se précipiter, l’enjeu valait qu’il prenne la peine d’observer les lieux. Le liquide qui restait immobile à ses pieds l’inquiétait, il sentait que comme les ruines de cet étrange endroit, une présence hostile veillait. Le sifflement de l’air dans l’espace restreint de la salle devint douloureux. De l’autre côté de l’eau dormante, l’île montait en pente douce. Elle ne contenait aucune végétation, seulement un gigantesque ensemble de colonnes de pierres entourant un autel de calcaire immaculé devant lequel le chronos était agenouillé. La proie était à point.
Le chronos posa le bourdon sur l’autel, le bois sembla comme s’incruster dans la pierre. Dans un recoin de son esprit il sentit le chasseur se rapprocher, une musique rythmée et sourde dont les battements se rapprochaient, mais ce ne pouvait être que son imagination, cela ne devait être que son imagination, sinon ils étaient perdus. Il avait pris sa décision, rien ne pouvait l’arrêter à présent, pas même lui. Il allait être égoïste, il allait exaucer son propre vœu et donner sa vie pour restituer la sienne à la dryade. Elle ne pouvait mourir, non seulement parce qu’il l’aimait trop, mais aussi parce qu’elle était la dernière chanour our que tout puisse redevenir comme avant. Non, rien ne serait plus comme avant, mais au moins d’autres vivraient ce qu’ils n’avaient fait qu’effleurer. Là, comme ça il n’était pas égoïste, elle ne pourrait pas le maudire éternellement s’il avait une bonne excuse. Un instant il stoppa dans ses incantations, contemplant l’image que gardait sa mémoire du joyau de la forêt, le bruit d’une larme unique s’écrasant dans la poussière brisa son immobilité et il reprit le sortilège.
Un souffle s’éleva emenement et commença à faire le tour du sanctuaire, comme un cheval nerveux au bout d’une longe trop courte. Il s’insinua entre les piliers de pierre et un son s’éleva, proche des hurlements qu’auraient pu avoir des violons si leurs cordes avaient atteint une telle taille, vibrant en un cœur qui lui le hérissait aussi sûrement qu’un ongle sur un tableau noir. Bien, le Vent invoqué il n’avait plus qu’à continuer ou périr. La poussière soulevée par le souffle se figea, scintillant avant de se changer en une terre odorante qui retomba sur le sol, la conversion s’étendant de plus en plus vite, atteignant l’eau, faisant naître des remous d’ombre dans le lac, levant la houle qui jusque là était inexistante. La tte ste se leva. La Terre et l’Eau. Il prit une grande inspiration et s’apprêta à poursuivre quand il sentit la présence. D’un mouvement délibérément lent il se tourna vers le chasseur. Ils restèrent un long moment à se fixer dans le blanc des yeux sans qu’une pensée ne vienne interrompre le silence qui régnait dans leurs esprits alors que le délire des éléments atteignait son paroxysme.
Réfléchissant à toute vitesse sans arriver à déterminer si son idée était réalisable ou même simplement possible, il changea la cible de l’élémentaire du feu. Le sortilège voulait que le mage aille chercher le Feu dans lave qui coulait très loin sous la Terre, mais il n’avait plus le choix : ou il s’attaquait au chasseur ou il ne finirait jamais son incantation. Depuis sa très petite enfance il connaissait la lée due du chasseur, cet élémentaire du feu qui était né de la première flamme domestiquée par un humain, et il allait s’attaquer à ce cauchemar. Il se demanda s’il n’avait pas définitivement perdu la raison alors qu’il emprisonnait le Feu dans les liens magiques. Il chancela alors que le poids irréel de la magie qu’il déchaînait s’abattit sur lui. Le Temps, il ne restait plus que lui. L’élément qui lierait les autres pour permettre une nouvelle vie à son amour. L’élément qui faisait qu’il était le seul qui puisse effectuer ce rite et la raison pour laquelle seul un chronos lié aux éléments pouvait l\'accomplir. Or un chronos lié aux éléments acceptait de renoncer à l’immortalité, ce genre de mage ne courrait pas exactement les rues.
Il acheva le sort en fixant sa dryade comme s’il pouvait déjà voir son corps reprendre vie. Mais rien ne se passa comme prévu, loi de Murphy oblige. Il ne se sentait plus réellement présent et il eut un sourire cynique et sinistre alors qu’il s’aperçut que le chasseur était en train de traverser le lac qui luttait violemment pour le rejeter. Le chronos investit le pentacle de pouvoir qui était enfin apparu, liant plus fortement les élémentaires y é y étaient retenus prisonniers. Il trembla sous l’effort et ses cheveux trempés lui cachèrent un moment la vue. Le chasseur était bien plus qu’un élémentaire, cela faisait des milliers d’années qu’il nourrissait sa flamme à l’aide des pouvoirs des autres. Il n’avait pas gagné. Mais il n’avait pas perdu, pas encore. Rassemblant ce qui lui restait de volonté, il se saisit du pentacle et le lança avec ses dernières forces sur le bourdon alors que le chasseur se jetait sur lui tout en se débattant dans le sortilège. Dire qu’il n’avait pas de regrets aurait été un mensonge, un énorme mensonge. Il n’y que les fous et les non vivants qui meurent sans regret. Il aurait juste aimé avoir eu le courage d’embrasser au moins une fois les lèvres de son aimée ; s’il avait su… Il poussa un dernier soualoralors que s’écoulait le flot de sa vie dans le sortilège : « Vis ! »
A la grande surprise du chasseur, le pentacle s’empara de lui alors qu’il se jetait sur le mage et ils furent projetés par son élan sur l’autel. Ils y arrivèrent en même temps que le pentacle qui explosa. Il sentit son esprit s’engourdir et partir à la dérive. S’il ne réagissait pas dès à présent il allait disparaître. Il n’avait pas traversé les âges sans se battre. Il n’avait pas subi sa servitude pour maintenant abandonner, il allait vivre ! Ses pouvoirs s’enfuyaient alors qu’il sentait sa force diminuer. Il s’empara de l’âme qui tentait de l’investir et voulut l’asservir comme il avaisujesujetti les précéden mai mais il ne parvint pas à lui faire entendre raison. La lutte n’avait duré qu’un instant, et elle prit fin quand l’énergie de Vie du pentacle les frappa de plein fouet, les liant irrémédiablement, fusionnant leurs identités comme leurs corps et les laissant pantelants, incapables de réaliser ce qu’il venait de se passer.
_Je suis... Nous sommes…Dans un sacré pétrin. Finirent-ils.
_Elle ?
La créature se tourna vers l’autel et observa avec détachement le bourdon dont les racines venaient de se planter en terre et les bourgeons d’éclore. Comme une brume que la brise résiduelle aurait sculptée, l’esquisse d’une silhouette se devinait dans le bois, et bientôt elle fut plus qu’une ombre, le bois changea de grain et le corps prit du volume, et quel volume se moqua la créature. Normal qu’il/je désire autant la ramener. Puis elle fut lussiussi merveilleuse qu’autrefois, mais elle était perdue.
Il aurait dût y avoir quelqu’un pour l’attendre, il l’attendait toujours, il la grondait assez souvent pour ça, et elle aimait le voir tenter de se fâcher. Lui, là, c’était lui, mais pas exactement. Ses cheveux noirs et raides qui lui retombaient dans les yeux et qu’elle l’avait supplié de laisser pousser, son corps léger et nerveux, ses lèvres qui murmuraient une partie du flot de pensées qui courraient en continu dans sa tête… Non, ce ne pouvait être lui, maintenant elle se rappelait ce qui s’était passé, la douleur inconcevable lorsque le clan de Laïnael l’avait abattue, alors qu’elle devait le rejoindre, alors qu’elle avait enfin réussi à lui dérober son cœur, il lui avait promis son âme. Mutilée, elle avait quand même réussi à le retrouver alors qu’il arrivait sur les lieux en brisant toutes les barrières magiques qu‘il rencontrait. Elle ne l’avait jamais vu aussi furieux. Puis il avait pris la branche dans laquelle s’était réfugié ce qu’il restait de son âme et l’y avait scellée. De la suite elle ne gardait qu’un souvenir nébuleux, une poursuite interminable et lui qui se fatiguait de plus en plus. Il avait tenu la promesse qu’elle s’était refusée à lui demander. Il avait accompe soe sortilège de résurrection qu’il avait adapté à leur situation, sacrifiant jusqu’à son âme pour affronter l’abomination que l’on avait lancée à leurs trousses. L’cilecile lui avait donné sa vie, son éternité si elle n’avait pas été là.
Un frisson irrépressible secoua ses épaules et les larmes coulèrent. Elle en fut trop surprise pour remarquer tout de suite l’étreinte dans laquelle elle était enfermée. Les dryades n’ont pas de larmes à verser, elle n’avait jamais pleuré, elle ne le pouvait pas. Elle prit conscience de l’autre lorsqu’elle sentit son odeur. Une odeur parfaitement inconnue qui pourtant lui disait quelque chose. L’odeur de Laïnael mais aussi celle de l’abomination que ses sœurs lui avaient appris à abhorrer. Cette signature qui était transmise depuis la nuit des temps comme synonyme olfactif du pire fléau à redouter. Elle tenta de se dégager mais n’y parvins pas. Le regard aux pupilles orangées appartenait à Laïnael, il lui fit peur et les larmes recommencèrent à couler, incontrôlables et tellement étranges. Malgré cela elle releva le menton et foudroya l’autre, l’abomination qui possédait ce qui était sensé lui revenir, il était à elle, elle se sentit gagnée par l’indignation.
Il s’empara de sa bouche avec une telle fièvre qu’elle commença par se débattre dans l’étau qu’il avait refermé sur elle. Il était brûlant, fébrile. Il avait faim d’une chose inconnue, oubliée, crainte, interdite. Leurs corps plaqués l’un contre l’autre semblaient se livrer à un combat entre leurs deux souffles affolés. Le mélange de dégoût et de fascination qu’il lui avait inspiré s’était mué en horreur stupéfaite. Il la serra si fort qu’elle perdit la sensation de la présence de ses bras. La douleur commençait à remonter ses épaules lorsqu’il fit une chose incroyable, il desserra un peu son étreinte. Ses doigts traversèrent la lourde épaisseur de cheveux pour effleurer la peau sensible de sa nuque, il trouva le creux de ses reins et l’immobilisa complètement tandis qu’il continuait de la dévorer. Lorsqu’il abandonna sa bouche, elle pu voir son visage. Il était aussi épouvanté qu’elle, il y avait même un soupçon de panique dans le spasme qui contracta une de ses paupières. Puis comme s’il avait tenté de résister, il embrassa à regret le creux de son cou. Un murmure rauque n’atteignit jamais son oreille mais fit naître des frissons entre irritation et plaisir. Il prolongea le jeu qui devait tout autant lui porter sur les nerfs puis l’embrassa comme s’il volait lui voler son âme. La danse hypnotisante de ses mains la berçait malgré elle, anéantissant son esprit, l’oppressant sans relâche. Elle se cambra en arrière pour essayer de le fuir mais il l’accompagna, l’enlaçant plus étroitement encore.
Quelque chose avait subtilement changé dans son comportement. Le désespoir qui avait rendu son regard si effrayant ne paraissait plus aussi profond. Ses caresses posaient une question et se préoccupaient de sa réponse. Un lendemain était né pour cet êau pau passé infini. Ce corps aimé qu’elle acceptait enfin de reconnaître la poussait dans ses derniers retranchements, il représentait ses espoirs et ce qui les avait anéanti. Il lui demandait de répondre à ses avances, l’obligeant à plier. Profitant de son déséquilibre, il l’allongea dans l’herbe courte qui avait poussé en un cercle restreint autour de l’autel et se mit à explorer ses points faibles, souffler doucement dessus et observer avec intérêt ses réactions. tou toujours il revenait sonder sa bouche, elle serrait les dents mais elle ne put longtemps contraindre ses lèvres à la dureté. Combien de fois l’avait-elle rêvée, cette scène ? Mais pas comme ça ! Pas avec l’âme de son élu mêlée avec celle du chien courant des chronos. Son hésitation ne lui échappa pas et il eut une caresse plus appuyée qui lui arracha un gémissement.
_Chantes, ta voix m’a tellement manqué.
La colère failli lui faire refermer ses mâchoires sur la langue qu’il avait insinuée dans la bouche et qui menaçait de l’emporter dans une tourmente aux conséquences catastrophiques.
Elle était douce, désirable et savoureuse, il s’était perdu dans la passion qu’elle lui inspirait. Son esprit sans repère avait trouvé son équilibre lorsque leurs regards s’étaient croisés. Elle était alors restée paralysée, et il n’avait pas attendu qu‘elle s’échappe, il avait trop peur de la perdre, et la peur était trop nouvelle/ancienne pour qu’il puisse lui résister. Il n’avait jamais connu la peur, et en même temps il avait chaque jour de sa vie craint que Kaguenoame ne lui soit arrachée. Il l’avait capturée, trop surpris de l’avoir rencontrée/retrouvée enfin. Et quel gibier délicieux, tendre et frissonnant entre ses bras, pourquoi avoir tant attendu, il avait été idiot, il ne devait plus oublier pourquoi il était revenu, pourquoi il avait combattu le pire monstre qu’il ait connu, il avait combattu le chasseur pour embrasser Kaguenoame. Son âme mêlée ne faisait plus la différence entre la passion désespérée du chasseur et le désir ancien du chronos. Il s’était trouvé un point commun, libéré du malaise qui le hantait. Elle était comme une fleur au parfum enivrant dont il craignait de froisser les pétales en s’abandonnant à l’ivresse qu’elle provoquait en lui. En la serrant sur son cœur, il espérait presque qu’elle puisse y entrer, qu’elle ne le quitte plus jamais.
Il relâcha sa prise et la regardant droit dans les yeux, il prononça les mots qui lui brûlaient les lèvres depuis toujours, aussi loin que ses mémoires remontent :
_Je t’aime.
Kaguenoame lui rendi reg regard abasourdit puis se rendant compte qu’il lui avait rendu sa liberté de mouvements, elle disparut comme si elle avait profité d’un clignement d’œil pour s’éclipser. Haussant les épaules, Laïnael le chasseur la suivit plus lentement.
_Je ne te quitterais pas, tu vas avoir besoin de moi, peut-être encore plus que moi de toi. Les chronos n’ont pas fini de poser des problèmes, mais tu m’auras moi et je t’aurai toi. Nous nous retrouverons.
Quelqu\'un pourrait me dire si j\'ai bien réussi à faire parra ce ce chapitre que ça m\'arrangerait. Je sais même pas si je peux balancer du français sur ce site... Voui,voui je suis d\'un naturel tranquille.